GPA, adoption : des blessures similaires, des pratiques comparables ?

Article original publié sur Genethique le 18 novembre 2024

Anne Schaub, psychothérapeute spécialisée depuis près de 25 ans dans l’analyse et le traitement des mémoires prénatales, analyse la comparaison parfois faite entre l’adoption et la pratique de la gestation par autrui (GPA).

Il est surprenant de lire les commentaires de partisans de la GPA, qui parlent de l’adoption. Dire qu’interdire la GPA demanderait alors aussi de supprimer l’adoption dessert la GPA car c’est reconnaître, et à juste titre, la souffrance d’abandon de l’enfant séparé, arraché à sa mère de naissance (cf. PMA, GPA, et la mère dans tout ça ?). Car pour le nouveau-né, il s’agit bien d’un arrachement, non choisi, qui va contre ses besoins sensoriels primaires de continuité d’attachement à la mère qui l’a porté durant neuf mois et à laquelle il est attaché de tous ses sens, de tout son être.

Se centrer sur le premier intéressé : l’enfant

Face à la promotion de la maternité de substitution, comme l’effectue une récente « publicité » faite autour de 3 bébés issus d’une GPA pour 2 hommes [1], il ne s’agit pas de dire des « horreurs », ni de manquer d’« ouverture d’esprit », comme le prétendent certains partisans de la pratique. Encore moins de discriminer ou de juger qui que ce soit. Les choix affectifs et sexuels des adultes ne nous regardent pas, ils sont de l’ordre de la vie privée ! Il s’agit dans cette histoire, qui mérite un sérieux débat de fond, de se centrer sur le premier intéressé : l’enfant, et son plus grand intérêt. Que la GPA se pratique pour des couples hétérosexuels, des femmes ou des hommes, seuls ou partageant leur vie, il s’agit de revenir à l’intelligence des sciences humaines et à la (re)connaissance de la blessure d’abandon dont souffre tout enfant privé de sa mère de naissance.

A la différence de l’adoption pour laquelle aucune programmation ni intention d’abandon ne précède la conception de l’enfant, la GPA quant à elle, l’organise. Si les enfants adoptés ont perdu leur mère (et leur père) biologique, c’est par les aléas et les malheurs de la vie. Aucun projet de séparation maternelle avant leur conception. Etant adoptés, ils ne « perdent » rien mais retrouvent au contraire des parents et une vie de famille. Ainsi, l’adoption est une chance de vie pour l’enfant dont la mère, et le père de naissance, n’ont pu prendre soin.

GPA : une séparation programmée avant la conception

La séparation avec la mère de naissance, dans la GPA, est programmée avant même la conception de l’enfant. Les enfants sont conçus en sachant de facto qu’il y aura un abandon maternel. Cette blessure de vie, et à vie, est aujourd’hui bien connue. Aucun psychologue ne contestera cette réalité.

Interdire toute GPA évite donc d’imposer intentionnellement à l’enfant une telle blessure à l’aube de sa vie. En cas de GPA pour un ou des hommes, notons par surcroit la privation, à vie, de la chaleur et la présence d’une mère pour se construire dans son identité d’humain, toujours issue d’une mère et d’un père.

Dans l’adoption, les parents ne sont pas responsables de la blessure d’abandon

L’âge de l’enfance est l’âge de l’adaptation. Aucun être humain ne peut survivre sans s’attacher. Les photos « lumineuses », accompagnant souvent les récits de GPA, semblent vouloir dire : « tout va bien dans le meilleur des mondes, admirez, et passez votre chemin ». L’amour reçu les rend heureux, et tant mieux ! Que souhaiter de meilleur pour eux ? Il n’empêche que, ces 3 petits garçons sont porteurs d’une profonde blessure (d’abandon) et d’une privation (maternelle) qu’aucun amour ni autres qualités de 2 pères jamais ne compenseront et qui, tôt ou tard, se réveilleront, selon la personnalité et les circonstances de vie de chacun.

Qu’en est-il d’une société qui permet un préjudice d’enfant ainsi officiellement organisé ? Se savoir plus tard issu d’un commerce lucratif, est une blessure supplémentaire qu’aucun enfant, adopté dans de saines conditions, n’aura à régler. Dans l’adoption, les parents adoptifs ne sont en rien responsables de la blessure d’abandon. Au contraire, ils cherchent à compenser, à « réparer » un dommage d’origine que nul ne souhaite pour aucun enfant au monde.

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